L’ESMA à Buenos Aires : Patrimoine Mondial – UNESCO

Un Lieu de Mémoire et de Résilience

Façade de l’ancienne ESMA
Crédit photo : buenosaires.gob.ar

Buenos Aires, la capitale animée de l’Argentine, est une ville qui regorge d’histoire et de culture. Parmi les nombreux sites historiques et culturels de la ville, l’Espace pour la Mémoire et les Droits de l’Homme (ancienne ESMA, acronyme de École Mécanique de la Marine), occupe une place spéciale dans le cœur des Argentins. Cet endroit symbolique rappelle une période sombre de l’histoire du pays tout en servant de mémorial et de lieu de réflexion sur les droits de l’homme.

En septembre 2023, le Comité du patrimoine mondial de l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) a déclaré le Musée de la Mémoire ESMA comme Patrimoine Mondial.

L’histoire tragique de l’ESMA

L’ESMA était autrefois une école navale située dans le quartier de Nuñez à Buenos Aires, construit en 1928. Cependant, pendant la dictature militaire qui a régné en Argentine de 1976 à 1983, cette école a été transformée en un centre clandestin de détention et de torture. 

photo aérienne en noir et blanc des bâtiments de l’ESMA
Photo de 1928 de l’ancienne ESMA. Crédit photo: Public domain wikicommons.

Sous le prétexte de l’existence d’un ennemi intérieur, les Forces armées ont installé environ 700 centres de détention clandestins dans tout le pays, principalement situés au milieu des villes : casernes, commissariats, établissements militaires et policiers, écoles, entreprises, propriétés privées et d’autres lieux de passage. L’ensemble de l’appareil étatique était au service de la terreur planifiée et systématique, institutionnalisant l’enlèvement, la torture et la disparition forcée de personnes. L’ESMA a été un maillon clé de ce plan systématique.

Des milliers de personnes, principalement des opposants politiques, ont été emprisonnées à L’Esma dans des conditions inhumaines. Beaucoup n’ont jamais survécu à leur détention, et leurs destins sont encore aujourd’hui inconnus.

De l’horreur à la mémoire

Après la fin de la dictature en 1983, l’Argentine a entrepris un processus de réconciliation nationale et de recherche de la vérité. L’ESMA est devenue un lieu de mémoire, un symbole de l’horreur du passé et du courage de ceux qui ont survécu. Le bâtiment a été préservé, mais son utilisation a radicalement changé. Il est, à partir de 2004, un espace dédié à la mémoire et à l’éducation sur les droits de l’homme.

façade d’un des bâtiments qui composent l’ESMA. Il y a une peinture murale qui dit "sont 30000"
Crédit photo: Fulano info.

Le site abrite aujourd’hui le Musée de la Mémoire, qui présente des expositions et des témoignages poignants sur la période de la dictature. Les visiteurs peuvent y apprendre l’histoire tragique de l’Argentine et se familiariser avec les luttes pour la vérité et la justice. L’ESMA sert également de lieu de réflexion et de commémoration, avec des espaces de recueillement et des monuments en mémoire des victimes.

L’entrée est gratuite. Vous pouvez consulter l’agenda des activités sur le SITE OFFICIEL.

Les vaillantes défenseures de la mémoire, de la vérité et de la justice.

Les Mères et Grands-mères de la Place de Mai sont un groupe de femmes qui, depuis 1977, réclament le retour de leurs proches disparus pendant la dictature militaire en Argentine. Le groupe est principalement composé de mères et de grands-mères de personnes enlevées, torturées et disparues, et tire son nom du lieu où elles organisent leurs manifestations : la place de Mai à Buenos Aires, en face de la Casa Rosada, siège de la présidence argentine. 

Mural hommage aux mères de la place de mai sur un mur à l’intérieur de l’Esma.
Mural hommage aux mères de la place de mai. Crédit photo: Fulano info.

Avec le temps, de plus en plus de personnes se sont jointes aux manifestations, et des associations de Mères et Grands-mères de la Place de Mai ont vu le jour à partir du groupe initial. Leurs objectifs sont de retrouver leurs proches disparus et de traduire en justice les responsables des crimes de la dictature. Elles sont également présentes à l’ESMA et participent activement aux activités.

Nous recommandons vivement de lire l’article : QUI SONT LES MÈRES DE LA PLACE DE MAI?

Un lieu de résilience et d’espoir

L’ESMA n’est pas seulement un lieu de mémoire, mais aussi un symbole de la résilience du peuple argentin. Les survivants et les familles des victimes se sont battus pour que la vérité éclate et que justice soit rendue. Leurs efforts ont conduit à des procès et à des condamnations pour les responsables des atrocités commises pendant la dictature.

Photo aérienne de plusieurs bâtiments avec des toits de tuiles qui composent l’ancienne ESMA, aujourd’hui musée de la mémoire
Crédit photo: espaciomemoria.ar

De plus, l’ESMA est un centre actif de promotion des droits de l’homme et de la démocratie en Argentine. Des événements culturels, des conférences et des ateliers y sont régulièrement organisés pour sensibiliser le public aux enjeux des droits de l’homme et encourager la réflexion sur le passé et l’avenir du pays.

Autres lieux de mémoire mondialement reconnus par l’UNESCO

  • Auschwitz-Birkenau (Pologne) : Camp de concentration et d’extermination du nazisme.
  • Genbaku Dome (Japon) : Mémorial de la Paix d’Hiroshima.
  • Île de Gorée (Sénégal) : Symbole de la lutte contre l’esclavage.
  • Robben Island (Afrique du Sud) : Un emblème de la lutte contre le racisme.
  • Quartier du Pont-Vieux (Bosnie-Herzégovine) : Symbole de la coexistence de différentes communautés culturelles, ethniques et religieuses.
  • Quai de Valongo (Rio de Janeiro) : Principal port d’arrivée en Amérique pour les esclaves venus d’Afrique.

La mémoire inclut également la guerre des Malouines

Sous le régime militaire, à un moment où la popularité des militaires était en deçà des attentes, ils ont décidé d’envahir les îles Malouines dans le but de renforcer la cohésion de la société et d’obtenir son soutien. La revendication de la souveraineté des îles Malouines, actuellement aux mains du Royaume-Uni, est historique et a toujours été pacifique. La guerre a été remportée par le Royaume-Uni, et depuis lors, il a été très difficile d’engager des négociations. Plus de 600 soldats argentins ont perdu la vie.

De nombreuses tablettes avec des images de soldats morts aux Malouines
Installation dans le musée des Malouines. Crédit photo: Fulano info.

En 2014, le musée des Malouines a été inauguré à l’ESMA. Son entrée est gratuite.

Nous vous rappelons vivement de lire l’article : 40 ANS APRÈS LA GUERRE DES MALOUINES – POUR QUOI LES MALOUINES SONT ARGENTINES?

En conclusion, l’ESMA à Buenos Aires incarne la résilience et la détermination du peuple argentin à ne jamais oublier les horreurs du passé et à œuvrer pour un avenir plus juste et démocratique. Ce lieu de mémoire et de réflexion rappelle au monde entier l’importance de la vérité, de la justice et du respect des droits de l’homme.

Le musée est un lieu incontournable pour tous ceux qui souhaitent comprendre l’histoire de la dictature argentine et son impact sur la société argentine.

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Arnaud

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