La promenade de la bande dessinée est un itinéraire à pied de Buenos Aires qui rend hommage aux personnages de bandes dessinées les plus populaires de notre pays et à leurs créateurs. Elle est situé dans les quartiers de Monserrat, San Telmo et Puerto Madero.
Cette proposition de visite originale a été inaugurée en 2012 avec une idée moderne de rappeler les personnages de l’histoire argentine qui vont au-delà des présidents ou militaires comme le font habituellement les pays. Ce sont là des personnages qui ont apporté une contribution inestimable à la culture populaire du pays. Dans la même ligne de pensée existe le Paseo de la Gloria à Puerto Madero qui rend hommage aux sportifs célèbres du pays. Les personnages des bandes dessinés ont été immortalisés dans des sculptures en résine époxyde ou des peintures murales.
Pour ceux qui se passionnent pour le sujet, nous vous recommandons de visiter le Musée de l’Humour. (n’est pas toujours ouvert, consulter les horaires sur Instagram)
Pourquoi y a-t-il une promenade de la bande dessinée à Buenos Aires ?
L’Argentine a une longue tradition dans la rédaction et la production de bandes dessinées. En fait, c’est l’un des pays les plus productifs au niveau mondial et le plus important au niveau latino-américain.
La bande dessinée commence son histoire dans le pays à la fin du XIXe siècle, dans la revue Caras y Caretas, où apparaissent les premiers récits illustrés et l’inclusion de ballons de dialogue dans le dessin. La bande dessinée continuera à se développer dans le pays jusqu’à atteindre le plus haut niveau entre les années 1940 et 1960, la soi-disant « L’age d’or ». Après cette étape, la bande dessinée nationale va décliner au point qu’il n’y a pas de publication du genre dans les années 1990 (à l’exception des auteurs qui s’auto-publiaient). À partir des années 2000, on a tenté de revaloriser le genre au moyen de recueils de vieilles bandes dessinées.
La bande dessinée pour l’Argentine est si importante qu’en 2010, une loi a été adoptée qui déclare le 4 septembre journée nationale de la bande dessinée argentine. La date a été choisie pour commémorer le premier numéro de la revue Hora Cero, publié le 4 septembre 1957. Le magazine publie de grands succès comme El Eternauta, Le sergent Kirk, Ernie Pike, entre autres entre 1957 et 1959 en Argentine par Editorial Frontera.
En outre, à Buenos Aires se trouve le Centre de Bande Dessinée et Humour Graphique Argentins qui acquiert, identifie et collectionne pour sa préservation, conservation, étude, valorisation et diffusion, la production comique et humoristique argentine. C’est le seul fonds documentaire national et public couvrant toute la production historique de ces médias et langues en Argentine. Il fonctionne à la Bibliothèque nationale Mariano Moreno.
A qui rend hommage la promenade de la bande dessinée?
Sur la carte suivante se trouvent toutes les œuvres d’art de la promenade de la bande dessinée à Buenos Aires. Bien qu’il y en ait beaucoup, nous en soulignerons quelques-unes qui peuvent être pertinentes pour le touriste étranger qui visite Buenos Aires.
A noter : les sculptures et peintures murales figurant sur la carte sont celles qui devraient être. Comme elles sont souvent vandalisées, elles sont retirées pour être restaurées.
Las Chicas de Divito (les filles de Divito)
Guillermo Divito, après avoir travaillé dans divers médias, a créé son magazine Rico Tipo qui a vendu 1.000.000 exemplaires par mois. Dans ce magazine, il y avait les filles de Divito, recréées dans la sculpture qui se trouve au coin de la rue Balcarce et de l’avenue Belgrano. Le magazine était transgressif car il montrait un degré d’érotisme qui n’était pas commun à l’époque. Il entrait dans les maisons par « l’oncle célibataire ».
Les filles de Divitio représentaient la Femme fatale des films noirs américains. Il publiait même des photos d’artistes en maillot de bain, audacieux pour l’époque. Il montrait aussi quelque chose d’inhabituel : les femmes avec les femmes. À cette époque, dans les caricatures, la femme était plus petite que l’homme. Mais dans ce cas, c’était l’inverse, on exaltait la femme. Même à cette époque on disait à certaines femmes « c’est une Divito », par ses courbes, sa volupté. Il y avait des poupées des filles de Divito. Similaires à celles de Barbies. Il ne faisait pas ce qu’il voyait. Il inventait la mode en fait. Et il a aussi défini les règles vestimentaires des hommes.
Clemente
S’il fallait définir le personnage de Clement, je dirais qu’il représente l’inconscient collectif. Physiquement, c’est une créature d’une espèce indéfinissable, une sorte d’oiseau à rayures, avec une trompe au lieu d’un bec (bien qu’à l’origine il l’avait), sans ailes ni mains, mais qui peut voler. Son créateur, Carlos Loiseau (surnommé Caloi »), l’avait dessiné comme personnage secondaire d’une bande dessinée et devint rapidement le personnage principal.
Clemente était un critique politique et économique. Ses commentaires et conclusions répondent à la réalité sociale, politique et économique du pays avec un ton sarcastique et ironique, et il se moque souvent des figures les plus élevées non seulement en Argentine mais dans le monde. La sculpture le représente assis, peut-être sur le banc d’un stade de football pour que nous prenions une photo avec lui.
Derrière lui, sur le mur, une peinture murale dit « Jetez des confettis ». Cela fait référence à une tradition que nous avons quand nous allons au stade. Quand l’équipe de football arrive, dont nous sommes des supporters, nous lançons des confettis, beaucoup de petits papiers qui se transforment en pluie. Clemente aime le football, et c’est pourquoi sa participation a été mise en évidence non seulement dans les bandes dessinées, mais aussi à la télévision, par sa version animée pendant les coupes du monde. À ce moment-là, des dizaines de Clementes surgissent d’une tribune de football, avec des casquettes, des drapeaux et des bandeaux.
Don Fulgencio
La sculpture rappelle ce personnage vêtu d’un costume et portant des ballons à la main. Il s’appelait Don Fulgencio … « l’homme qui n’a pas eu d’enfance » … Alors qu’il s’habillait comme un adulte, sa personnalité était semblable à celle d’un enfant et il passait son temps à plaisanter. Don Fulgencio a comme seule famille de sang un neveu nommé Tripudio qui expose une condition inverse à celle de son oncle, car il s’agit d’un enfant qui ignore le monde des enfants et se sent à l’aise dans le monde adulte en chassant les filles et en méprisant les jouets.
La popularité de Don Fulgencio fut telle qu’il eut un film en 1950. Son créateur était Lino Palacio Calandrelli, auteur d’un grand nombre de bandes dessinées dans les journaux et les magazines avec une longue histoire des années 1930 à 1984 date de sa mort. Ses personnages sont les enfants de l’observation.
Don Fulgencio fut inspiré par un seigneur inconnu qui vendait des bibles, observé par l’auteur quand il était enfant, sans que l’homme s’en aperçoive. Cet homme sérieux marchait dans la rue, sans doute en pensant dans ses affaires quotidiennes; et soudain, il aperçut une petite pierre sur le trottoir. Il s’arrêta, regarda de tous côtés et frappa la pierre comme s’il transformait un but au stade de football. Lino Palacio a reconnu que sa création est presque une caricature de ce monsieur.
La mort de Lino Palacio est une histoire digne d’un film. Le 14 septembre 1984, Palacio et sa femme sont assassinés dans leur appartement de Recoleta, après que trois jeunes drogués sont entrés pour voler, croyant que le couple était à Mar del Plata. Lino avait 81 ans et l’un des trois assassins était la petite amie du neveu du dessinateur et elle est devenue la femme qui a passé le plus de temps en prison en Argentine.
Mafalda
Elle est le personnage le plus connu de la promenade de la bande dessinée. La sculpture avec ses deux petits amis Manolito et Susanita, est au coin des rues Defensa et Chile. Des files improvisées se mettent en place car tout le monde veut s’asseoir à côté d’elle pour emporter une photo souvenir… et nous le recommandons fortement! … Ce fut pratiquement la première sculpture qui donna naissance à la promenade de la bande dessinée à Buenos Aires. Elle a été inauguré en 2009, puis en 2014 pour célébrer ses « 50 ans » ont été ajoutés ses sympathiques amis. Nous avons un article pour en savoir plus sur Mafalda : 10 questions sur Mafalda
Qu’est-ce que la résine époxy?
Toutes les reproductions réalisées par Pablo Irrgang sont des figures en taille réelle de résine époxy polychrome avec des pigments et du quartz, inclus dans la résine pour plus de fermeté. Les structures sont renforcées de fibres de verre et d’ancrages de fer, pour les fixer sur la voie publique. L’info technique est meilleure sur wiki : EPOXY
Goscinny en Argentine ?
SI! Bien que René Goscinny soit né en France en 1926, sa famille a déménagé à Buenos Aires en 1928 à cause du travail de son père. Il disait : « Dans cette ville de Buenos Aires, la plus européenne d’Amérique du Sud, j’ai eu une enfance tranquille », racontait des années plus tard René Goscinny, alors qu’il était déjà une figure mondiale. Il ajoutait : « C’était un pays paisible et prospère et nous faisions partie d’une petite bourgeoisie aisée ». Il grandit dans le pays jusqu’à ce qu’en 1945 il émigre aux États-Unis. … Si vous observez le pantalon d’Obélix, vous pouvez voir des rayures bleues et blanches, identiques à celles du maillot de l’équipe Racing Club, dont il était fan. Nous avons un article spécial sur la vie de Goscinny en Argentine.