Histoire de la prison d’Ushuaia : aux confins de la Patagonie
Située dans le paysage austère de la Patagonie argentine, la prison d’Ushuaia, surnommée « le bout du monde« , est bien plus qu’un simple établissement pénitentiaire. Son histoire tumultueuse remonte au début du 20e siècle, lorsque l’Argentine cherchait à étendre son influence dans des régions reculées et hostiles. Construite en 1902, cette prison était destinée à accueillir les criminels dans un environnement extrême, symbolisant l’isolement absolu et la punition maximale.
À l’époque, il était très difficile pour les gens de s’installer pour vivre à Ushuaia, et la prison, ainsi que d’autres établissements, ont contribué à créer une population stable au-delà du caractère militaire. La construction de la prison a été achevée seulement en 1920 et son fonctionnement a duré jusqu’en 1947, date à laquelle elle a été fermée.
Conditions de vie à Ushuaia : entre brutalité et survie
La vie à la prison d’Ushuaia était impitoyable. Les détenus étaient confrontés à des conditions météorologiques extrêmes, des travaux forcés épuisants et une surpopulation carcérale. Les gardiens étaient souvent brutaux, ajoutant à la cruauté de l’endroit. Malgré cela, certains détenus ont trouvé des moyens de résister, forgeant des liens de solidarité et faisant preuve de courage dans un environnement hostile.
À l’intérieur, une discipline sévère était imposée. Ceux qui se comportaient bien effectuaient des travaux à l’extérieur du bâtiment, comme l’exploitation forestière dans les forêts accessibles en train depuis le centre-ville. À travers les ateliers, les prisonniers répondaient à tous les besoins de la ville naissante. Ils ont construit des rues, des ponts et des bâtiments publics. Dans le pénitencier, la première imprimerie, le téléphone, l’électricité et d’autres services essentiels étaient également en fonctionnement.
Prisonniers célèbres : des criminels notoires aux prisonniers politiques
Au fil des ans, la prison d’Ushuaia a accueilli une diversité de détenus, des criminels endurcis aux prisonniers politiques. Les condamnés les plus dangereux du pays perdaient leur nom pour un numéro. Certains sont devenus très célèbres, comme le meurtrier en série Mateo Banks, surnommé « le mystique », ou Cayetano Santos Godino, tristement connu sous le nom de « le petit aux grandes oreilles », ainsi que l’anarchiste Simón Radowitsky.
Mateo Banks “le mystique”
Connu comme le premier tueur en série, il était célèbre en son temps. Malheureusement, de nos jours, il ne ferait plus sensation. D’origine irlandaise, il est né le 18 novembre 1872 dans la province de Buenos Aires. Sa famille, composée de quatre frères, possédait deux estancias : « El Trébol » et « La Buena Suerte », à Paris, Azul, province de Buenos Aires. Il a été accusé d’avoir tué huit personnes à Azul : trois frères, sa belle-sœur, deux nièces et deux ouvriers agricoles, dans le but de s’approprier les deux estancias familiales. Il s’est déclaré innocent et, lors de plusieurs interviews depuis la prison, il a insisté sur sa version…
Cayetano Santos Godino, Le petit aux grandes oreilles.
En 1912, Buenos Aires est secouée par une série d’assassinats et de tentatives d’assassinat de mineurs, semant la terreur dans la ville. Les crimes incluent la mort d’Arturo Laurora en janvier, l’incendie fatal de Benita Vainicoff en mars, et l’attaque contre Carmelo Russo en novembre. Malgré l’arrestation d’un suspect, la violence persiste jusqu’à ce que Cayetano Santos Godino, un mineur de 16 ans, soit appréhendé en décembre, mettant fin à la vague de crimes.
Simon Radowitzky
Jeune anarchiste d’origine russe. Il est devenu célèbre pour l’assassinat du commissaire Falcón, chef de la police, et de son secrétaire, avec une bombe jetée dans leur voiture. C’est ainsi que la condamnation est devenue « pénitencier pour une durée indéterminée avec réclusion dans sa cellule à pain et à eau pendant 20 jours par an à l’approche de la date de la mort du commissaire ». Il a passé 21 ans en prison, dont 10 en cellule d’isolement et 19 de ces années à la prison d’Ushuaia.
Informations pratiques pour la visite
Si vous envisagez de visiter la prison d’Ushuaia, notez que les horaires d’ouverture sont de 12h à 20h tous les jours, bien qu’il soit recommandé de vérifier les horaires spécifiques lors des jours fériés. C’est idéal pour visiter l’après-midi après être revenu de l’une des excursions de la région. Nous recommandons notre article : QUE FAIRE A USHUAIA EN 3 JOURS.
Le prix d’entrée peut être considéré comme élevé, généralement aux alentours de 20 USD, mais il convient de toujours vérifier les tarifs et les horaires des visites guidées. De plus, avec votre billet d’entrée, vous avez également accès au musée de l’Art Marin et au Musée Antarctique, offrant ainsi une expérience enrichissante et complète sur l’histoire et la culture de la région. site web officiel.
L’impact culturel et touristique de la prison d’Ushuaia
Aujourd’hui, la prison d’Ushuaia a dépassé son rôle initial pour devenir un symbole de l’histoire argentine. Transformée en site touristique, elle attire des visiteurs du monde entier désireux de découvrir son passé fascinant. Les touristes peuvent explorer ses couloirs sombres et ses cellules vides, ressentant l’atmosphère oppressante qui régnait autrefois. Pour beaucoup, c’est une expérience poignante qui offre un aperçu de la dure réalité de la vie en prison et invite à la réflexion sur le système pénitentiaire et la justice.
